mercredi 26 juin 2013

Hannibal (Ep. 1.13)

Ep.1.13
Savoureux


Et bien voilà, c'est la fin d'Hannibal ou du moins de sa première saison et c'est donc l'heure du bilan. Commençons d'abord avec ce dernier épisode, Savoureux, qui porte bien son nom d'ailleurs puisqu'il conclu l'affaire de fort belle manière. Oh bien sûr, une grande partie de ce qui arrive est finalement assez convenue puisqu'on le sentait venir à des kilomètres, mais Bryan Fuller a su nous réserver quelques surprises et le fameux cliffhanger qu'il évoquait ouvre des perspectives réjouissantes pour la suite des évènements !
Le récit nous montre la conclusion logique des stratagèmes d'Hannibal et comment il parvient finalement à piéger tout le monde. Exit Abigail donc, laquelle ne sert plus ses intérêts même s'il avoue le regretter lui-même: c'est Will Graham qui est considéré coupable aux yeux de la Justice. Celui-ci pense d'ailleurs avoir perdu la boule lorsqu'il se réveille un beau matin, pour aller vomir une oreille humaine ! Il est arrêté et interrogé par Crawford, lequel est accusé par Alana Bloom d'être responsable de son état.
L'affaire Hobbs semble close puisque Crawford conclu qu'Abigail était bien la partenaire de son père et que Graham l'a assassiné dans une crise de démence, mais c'était sans compter sur l'esprit retord d'Hannibal qui pousse le bouchon encore plus loin. Il fait passer les autres meurtres inexpliqués de la saison sur le dos du profiler ! Le but avoué est de faire croire à Crawford que Will n'est pas la victime d'une maladie mentale mais un véritable psychopathe ayant conscience de ses actes.
Toutefois les choses ne pouvaient pas tourner parfaitement, surtout pas avec Will qui se rapproche de plus en plus de la vérité. Suffisamment malin pour comprendre qu'il a été piégé avec ces autres meurtres dont il se sait innocent, et par conséquent qu'il n'est probablement pas responsable de la mort d'Abigail, il s'évade pour se confronter à Hannibal. Car ses visions du Cerf se sont modifiées, l'animal ayant maintenant prit une forme monstrueuse qui représente la véritable apparence du cannibale... 


Si le moment clé de l'épisode réside dans ces retrouvailles entre les deux personnages, tout ce qu'il y a autour retient également l'attention. Hugh Dancy campe un Will Graham vulnérable à souhait, à la limite de la dépression et ne possédant pratiquement plus la volonté de se battre contre le sort. Et si Alana Bloom se montre évidemment bouleversée par ce qui arrive, c'est avec une grande surprise que l'on peut voir Hannibal lui-même craquer sous la pression, en réalisant qu'il va peut-être perdre celui qui aurait pu être son seul ami.
Dans une superbe scène où il se confie à sa psychiatre, il avoue comprendre maintenant le plaisir d'avoir un enfant et de le guider dans sa vie, se référant à Abigail, avant de fondre en larme ! La réaction de Graham qui se laisse aller le rend également mal à l'aise, lui donnant l'impression de ne pas avoir su l'aider. Du coup c'est pour lui une grande victoire lorsque le profiler fini par assembler toutes les pièces du puzzle et comprendre enfin ses motivations. Peu importe s'il en meurt finalement, car comme il le dit lui-même, il ne se prétend pas immortel ni à vouloir prolonger son existence au-delà du temps imparti.
Mais il va de soi que pour apprécier pleinement ce season finale, il convient d'avoir vu et retenu un certain nombre d'évènements. Le travail d'écriture se montre assez subtile à ce sujet puisqu'il n'a pas recours aux flashes-back faciles et demande au spectateur de faire un effort de mémorisation. Ainsi lorsque Will s'échappe de son transfert, c'est évidemment grâce à sa reconstitution de l'évasion du Dr. Childon, deux épisodes auparavant, où il s'imaginait déjà dans une situation semblable. Les appâts que retrouve le FBI avaient été trafiqués plus tôt dans la saison, alors qu'Hannibal avait accès à la demeure du profiler pour nourrir ses chiens. Enfin il convient de se rappeler de l'épisode pilote, puisque la scène où Will démasque Hannibal se déroule en miroir de la celle où il abat Garret Jacob Hobbs...


Enfin on ne peut oublier de mentionner la dernière séquence, se déroulant à l'asile de Baltimore. Le cannibale s'y rend pour la première fois mais il semble presque s'y sentir comme chez lui aux vues de ses réactions, et le scénariste s'amuse à détourner l'imagerie la plus célèbre de la saga: celui d'Hannibal, prisonnier dans sa cellule mais dangereusement libre grâce à sa diabolique intelligence. Cette fois les rôles sont inversés et c'est Will Graham qui se retrouve derrière les barreaux, avec un secret qui pourrait bien l'aider à manœuvrer Hannibal lui-même...
La dernière image n'est autre qu'un Dr. Lecter souriant, visiblement très satisfait de la situation puisque se retrouvant face à un homme à l'intelligence incomparable qui a su le percer à jour. N'était-ce pas ce qu'il souhaitait de tout son cœur ?
De quoi laisser présager le meilleur pour la prochaine saison, le showrunner ayant déjà prévu tout un plan concernant le futur d'Hannibal. Ainsi les saisons 2 et 3 devront poursuivre l'étrange relation qu'entretien le psychiatre avec Will Graham jusqu'à son incarcération, permettant l'adaptation du livre Dragon Rouge pour la quatrième saison. Suivront alors celle du Silence des Agneaux et d'Hannibal pour les saisons 5 et 6, puis la série trouverait sa conclusion dans une saison supplémentaire ramenant Will Graham pour traquer Lecter et sa compagne !
Mais pour que tout cela fonctionne, il faudrait déjà que la seconde saison puisse raviver les audiences qui sont au plus bas. En l'état c'est déjà un miracle que nous puissions obtenir treize nouveaux épisodes, alors avant de s'extasier il va falloir croiser les doigts et espérer que NBC face un peu mieux la promotion de son bébé.


Et c'est honteux car Hannibal est une véritable réussite. Une suite thématique du MilleniuM de Chris Carter, en beaucoup plus permissif. La série propose une atmosphère sombre et déprimante sans faire la moindre concession, nous plongeant au cœur d'une sorte de cauchemar vivant où se mêlent le pire visage de la réalité et des visions oniriques infernales. J'irais même jusqu'à rapprocher Hannibal des premiers jeux Silent Hill, tant elle évoque la saga à travers ses musiques étranges, son imagerie dantesque et ses personnages à la psyché souffrante.
Plutôt que de se contenter de reproduire les films qui ont précédés ou de jouer la carte de la série policière classique où chaque épisode se ressemble, Bryan Fuller a opté pour une approche différente et totalement imprévisible. Je redoutais la version Guignol d'Hannibal, celle d'Anthony Hopkins, mais Mads Mikkelsen s'est magistralement réapproprié le personnage pour le rendre plus sobre, plus réaliste, peut-être même plus humain mais, paradoxalement, plus monstrueux encore.
J'imagine que le public n'a pas su se retrouver à travers ces jeux d'esprits pervers, ces longues conversations de psy sur le comportement humain et la brutalité surréaliste des tueurs qui est dépeinte ici. Et si je désire ardemment qu'Hannibal se poursuive, que cela ne soit pas au détriment de cette vision particulière qui donne toute son âme à la série ! Car un show s'ajuste souvent après son premier coup d'essai et des changements malvenus sont toujours à craindre...

Si seulement Bryan Fuller pouvait manipuler l'esprit de ses producteurs aussi facilement que son personnage !


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