mercredi 6 mai 2009

Gypsy Witch – Plume d'Encens

PLUME D'ENCENS

Alice passe sa première année à l’Université Miskatonic d’Arkham, aux USA. En tout début d’année, elle n’y connaît personne et doit se familiariser avec la langue anglaise et la civilisation. Elle réside seule dans un appartement d’étudiant sur le campus…


    C’était la fin de l’été et avec elle, la fin des illusions. Jeune étudiante fraîchement débarquée, Alice avait encore du mal à se faire à l’idée d’être séparée de sa famille. Jusqu’ici elle s’était contentée d’écouter les conseils de son père et de se dire qu’il suffisait d’attendre les vacances, mais en ce jour de rentrée elle réalisait maintenant à quel point elle était seule. Et que ce serait difficile à supporter.
    Le constat s’était lourdement imposé a elle au réveil, et quant bien même la réunion de la rentrée avait pu lui permettre de s’en évader, le retour à sa chambre la renvoyait à sa condition. Son père était absent, comme toujours, sa mère, sa grand-mère et ses amis se trouvaient à des centaines de kilomètres de là dans un autre pays, et elle n’avait personne pour la familiariser avec son nouvel environnement. Pas évident de créer des liens avec d’autres dès la première matinée de cours, et encore moins lorsque les trois-quarts de ses camarades n’étaient que des pétasses superficielles et populaires, des fils à papa prétentieux ou des armoires à glace ne pensant qu’au football, à la bière et à mater. Une chose était sûre, c’est qu’elle ne devrait jamais mentionner ses origines sous peine d’être perçue comme une pestiférée…
    Las, déprimée et complètement dépassée par toute la paperasserie à gérer en ce début d’année, la jeune femme n’aspirait qu’à se détendre et oublier. Une idée qui lui plaisait bien mais qui lui paraissait impossible ne serait-ce qu’en raison de l’emménagement et rangement a faire dans sa chambre. A peine était-elle rentrée que la vue des cratons à déballer la rendit malade. Elle ne s’en sentait ni la force, ni le courage… A contrecœur pourtant, et en traînant les pieds, elle se laissa à bouger quelques petits paquets.

    Déballant sans motivation divers objets, c’est avec surprise qu’elle aperçue une petite boîte qu’elle ne connaissait pas, glissée entre deux bibelots et avec une étiquette portant son nom. Un cadeau ?
    Délaissant son travail, Alice récupéra délicatement le petit coffret d’acajou. De la taille d’une boîte à chaussures, son bois (rouge) était finement décoré de gravures diverses représentant, dans un art primitif, d’antiques divinités: le Serpent à Plumes, le Phœnix, l’oiseau Roc… Un véritable travail d’orfèvre qui lui donna le sourire. La fatigue et la morosité étaient déjà loin derrière elle et c’était de véritables frissons d’excitation qui faisaient bondir son cœur à présent !
    L’étiquette était écrite d’une main inconnue, sans aucune signature. Cet anonymat ne faisait que renforcer le plaisir de cette découverte et Alice ouvrit la boîte en grand, impatiente. Celle-ci contenait un petit message griffonné à la main sur une feuille de papyrus, ainsi qu’un objet totalement enveloppé dans un carré de soie bordeaux. Une bouffée d’odeur exotique et fruitée s’en dégagea, donnant une légère ivresse à l’adolescente qui fut comme prise de palpitations. Quelle odeur magique ! C’était comme respirer une myriade d’arômes de fruits et de fleurs et d’être prit d’un agréable vertige de plénitude plutôt que d’un éventuel écœurement. Sur un petit nuage, la jeune femme récupéra le parchemin pour en lire le message. « Je suis avec toi. » Puis au verso: « Ne pleure pas. Ris. » Quelle touchante attention. Était-ce son père ? Ou sa mère ? Sa grand-mère peut-être ? Alice était incapable de deviner, mais elle était ravie et se sentait flotter, comme débarrassée de tout son stress. Presque droguée.
    Avec toute la douceur du monde, elle entreprit de défaire l’emballage de tissu pour libérer le présent. Elle sentait la fragilité de la chose à travers le foulard et retint son souffle durant l’opération. Ce qu’elle mit à jour lui sembla d’abord être une multitude de plumes colorées, longues et belles, mais un examen plus approfondit lui apprit qu’il s’agissait en fait de bâtonnets d’encens ! Ce qui expliquait cette agréable odeur dont été imprégné le coffret. Voilà qui n’était pas commun. Jamais elle n’avait vu d’encens avec une forme aussi élaborée, si précise. L’idée même de les allumer la révolta tant qu’ils étaient beaux. Mais à la vu du stock dont elle disposait, elle pouvait bien se permettre quelques exceptions…
    Prenant note de découvrir l’identité de l’expéditeur pour le remercier, l’étudiante rangea précieusement la boîte, récupérant au passage une magnifique plume cramoisie au parfum de framboise, puis se mit en quête d’allumettes et d’un petit support. Nul doute qu’une bonne petite bouffée d’encens lui permettrait de se détendre parfaitement.

    Se mettant à l’aise, l’adolescente retira ses chaussures et chaussettes, testant un instant le confort de la moquette épaisse de ses pieds nus. Sensation délicieuse qui la conforta dans l’idée de se laisser aller. L’hiver n’était pas encore là et il faisait doux. Fermant les volets mais laissant la fenêtre ouverte, Alice ôta son débardeur pour se retrouver en soutien-gorge. Elle était chez elle après tout, et elle s’était toujours bien sentie dans son corps. Après quelques mouvements pour apprécier cette nouvelle forme de liberté, exercices d’assouplissement pour se délier le dos et chasser les mauvaises courbatures matinales, la jeune femme déposa la plume d’encens sur sa table de nuit, allumant l’embout et libérant alors un mince filet de fumée blanche qui se dissipa vite en volutes. Inhalant celle-ci, l’étudiante sourit. La douce odeur lui montait à la tête, semblant l’envelopper comme un cocon protecteur. Chancelante, elle s’allongea tranquillement sur son lit douillé et ferma les yeux pour accéder à une certaine forme de torpeur.
    Somnolente mais consciente, elle en vain à réaliser que la fumée dégageait une sorte de fraîcheur, faible mais provoquant une sensation suffisante pour lui donner quelques frissons. Elle sourit encore plus, sentant sa peau se hérisser légèrement au contact des caresses intangibles. C’était presque comme si quelqu’un soufflait doucement sur son corps, sélectionnant certaines zones plutôt que d’autres… Les plantes de ses pieds, son nombril, sur les côtés de son ventre… Les muscles de celui-ci se contractèrent même involontairement lorsque l’effet provoqué par l’encens sembla se décupler un peu plus. Alice étouffa un petit rire. Elle avait presque eut l’impression qu’on la chatouillait !…
    Levant les bras au-dessus de la tête, l’étudiante se tortilla sur sa couette pour se trouver une position encore plus appréciable. Elle se sentait dans un état second et n’avait plus envie de bouger, amorphe. Un parfum exaltant flottait dans l’air et elle frémit de plaisir plusieurs fois. Comment diable un bâton d’encens pouvait la plonger à ce point dans un tel état de béatitude ? Elle qui avait souhaité de la relaxation, c’était réussi ! Elle se serait presque endormit s’il n’y avait pas un petit quelque chose pour la garder consciente et la retenir du sommeil… Une impression étrange contre sa peau, la titillant. De très petits courants d’air semblant se glisser contre elle, altérant leur température et leur vitesse, comme s’ils possédaient de quelconques propriétés tactiles.
    Ils se faufilaient contre ses pieds, entre ses doigts, se glissaient insidieusement dans son petit nombril, tournoyant sur son ventre pour remonter maintenant sous ses bras. A ce moment précis, Alice ressentit réellement une pression sur ses aisselles et lâcha un petit piaillement de surprise, sursautant. Très sensible, la jeune femme se serait entièrement redressée en temps normal car ne pouvant pas endurer les chatouilles, mais à sa grande surprise elle demeura dans la position qu’elle avait prise un peu plus tôt. Était-elle si détendue que cela pour ne même plus réagir ?
    Intriguée, elle ouvrit les yeux et resta ébahie devant le spectacle qui s’offrait à elle. Un véritable petit nuage s’était formé juste au-dessus d’elle, s’étendant sur toute la surface de son lit. Stagnant dans l’air, comme animé d’une vie propre, il était toujours relié au bâtonnet d’encens par un mince filament. Ses volutes donnaient naissances à de multiples fils intangibles qui descendaient vers elle, se déposant sur son corps. Un simple regard suffit a lui faire comprendre que les sensations ressenties étaient à attribuer à ses tentacules de fumée, lesquelles touchaient aux parties vulnérables, car dénudées, de son corps.
    Impressionnée, et ne sachant comment considérer ce phénomène, Alice voulu se relever et étudier le nuage. Ses membres ne réagir pas, encore une fois, totalement engourdis. Perturbée et paniquant légèrement, l’adolescente tenta de venir à bout de la paralysie en se débattant. Sans succès: elle pouvait juste tordre la tête et bouger ses doigts. Puis, comme pour la distraire, un nouveau spasme la secoua. Ses muscles abdominaux venaient de subir un contact physique certain, comme des doigts traçant des sillons sur sa peau. Des chatouilles !

    L’assaut prit de l’ampleur et les caresses s’intensifièrent sur la peau lisse de son ventre. Se crispant, Alice retint son rire autant que possible en espérant naïvement que cela arrêterait ses tourments. Bandant les muscles pour se protéger, elle comprit bien vite qu’elle était sans défenses. La sensation lui brouillait l’esprit et toutes ses interrogations s’envolèrent lorsque la salve de chatouilles redoubla d’intensité. La jeune femme éclata de rire, incapable de se contrôler plus longtemps. Cette partie de son corps était la plus sensible et l’attaque subite venait tout juste d’anéantir sa volonté de résister. Il ne lui restait que la possibilité de se concentrer sur la sensation pour intimer à son corps de se calmer. Si cela n’arrêterait pas la torture, ça pouvait toujours la rendre un peu plus supportable. Serrant les dents et cherchant un rythme de respiration, elle cru même l’espace d’un instant que son esprit serait trop occupé pour se laisser aller aux chatouillements. Hélas son beau plan tomba à l’eau quand, sans prévenir, ses pieds furent victimes à leur tour des effets de l’encens. Des courants d’air soufflèrent sur le milieu de la surface intérieur, région ici la plus sensible pour Alice. Décontenancée, elle n’arriva plus à gérer les choses mentalement et perdit le peu de contenance qui lui restait. Une violente crise d’hilarité la secoua tandis qu’elle était impuissante à ignorer l’une ou l’autre partie attaquée de son corps . Rejetant la tête en arrière, elle ne put que rire et subir durant un temps qui lui paru éternel.
    Des larmes naquirent aux coins de ses yeux tandis que de petites gouttes de sueurs se formèrent sur sa peau, glissant doucement et en rajoutant à la sensation de chatouille. Le cœur battant, Alice protesta et supplia une entité invisible, responsable de son supplice. Une prière inutile qui ne fit qu’empirer les choses puisque les volutes de fumée gagnèrent ses flancs. Remontant très doucement le long des côtes, celles-ci infligèrent a leur petite victime une nouvelle dose de caresses sadiques.
    Les yeux d’Alice pleurèrent, sa voix hurla. Mais son esprit comme son corps ne faisait que rire, tous deux mit à l’épreuve sans relâche. Des courbatures et échauffements se déclenchèrent, tant l’adolescente contractait ses muscles. Sa douce peau devenait luisante mais jamais elle ne s’insensibilisait aux attaques fantômes. N’en pouvant plus, le cœur sur le point d’exploser et la tête lourde, Alice cru perdre conscience. Un moyen comme un autre de se libérer. Les chatouilles cessèrent alors, subitement, ne laissant plus qu’une jeune femme épuisée allongée sur le lit. Peinant à retrouver son souffle et gênée par les larmes qui lui piquaient les yeux, celle-ci demeurant immobile. A bout de force.

    Vêtue de son seul blue jean et d’un soutien-gorge noir, l’étudiante commençait à réaliser a quel point elle était vulnérable dans cette tenue. Tous ses points sensibles étaient exposés. Cette idée remit un peu d’ordre dans son esprit et lui donna une vigueur nouvelle. Il lui fallait absolument se lever, enfiler un vêtement. De cette façon elle serait plus a-même de se défendre qu’ainsi, à demi nue et entravée ! Mue par toute sa bonne volonté, Alice tenta de se soustraire à l’engourdissement qui la rendait prisonnière et lutta pour se libérer. Elle n’y arriva pas vraiment, et le nuage d’encens n’était visiblement pas disposé à la laisser partir ! Pour son plus grand malheur, elle vit une langue de fumée toucher l’une de ses aisselles. Le début d’une nouvelle longue séance de torture…

    Devenant presque hystérique lorsqu’elle fut chatouillée sous les bras, l’adolescente perdit immédiatement toute combativité, réduite a l’état d’esclave hurlante et privée de pensées. Tantôt rapides, tantôt lents, les tentacules gazeux se faisaient irrégulier dans leur rythme afin d’éviter toute tentative d’anticipation, d’accoutumance et de résistance. Alice n’était qu’un jouet dont ils disposaient comme d’ils le voulaient et le but était visiblement de la rendre folle.
    Sans pouvoir cesser de rire, la pauvre suppliciée en vint a souhaiter la mort. Sa conscience se perdait progressivement dans un grand brouillard et un faible espoir naquit de cette perte de cohérence mentale. Peut-être allait-elle s’évanouir ? Suffocante, des points noirs envahissants son champ de vision, Alice se sentie presque heureuse d’être ainsi libérée de cette horrible situation. Elle ferma ses yeux embués de larmes pour se laisser aller, mais le mystérieux pouvoir lui refusa sa grâce. Comme doté d’une conscience, l’encens changea de tactique pour mieux éterniser son agonie: il cessa ses agressions et souffla une bouffée de fumée au visage de la jeune femme. Prise d’une légère toux, celle-ci se réveilla et par réflexe fit douloureusement travailler ses poumons. Pouvant de nouveau respirer, la pauvre redevint suffisamment maîtresse d’elle-même pour ne pas perdre conscience. Exténuée, elle céda à la panique et se débattit violemment durant sa crise. Elle n’en pouvait plus.
    De nouvelles caresses, très douces, se firent ressentir sur son ventre. De petits chatouillements très légers mais agaçants, tout juste à la limite du supportable. Ceux-ci se propagèrent sur tout le reste de son corps, sur les côtés, ses aisselles, sous ses pieds… Alice serra les dents et gémit, incapable d’endurer les attaques plus longtemps, physiquement comme émotionnellement.
    Ses muscles la faisait souffrir, sa gorge la brûlait et ses yeux piquaient. D’une voix faible, elle supplia que tout s’arrête. Un rire amusé lui répondit, suivit d’un bref accentuation des chatouilles sous ses pieds. L’adolescente poussa un glapissement et ouvrit les yeux, découvrant alors avec stupeur que le nuage d’encens prenait forme devant elle. Une grande bouche, un sourire. Puis peu après une paire d’yeux. Alice blêmit en reconnaissant l’apparition. Cheshire, le démon du rire, une créature qu’elle avait invoquée il y a des années et qui s’était lié à elle contre son gré, la rendant extrêmement chatouilleuse et la persécutant autant qu’il le pouvait ! Le démon était tombé amoureux de son rire et s’en nourrissait. Alice portait sa marque: une sensibilité extrêmes de la peau pour les caresses. Il n’était donc pas difficile de lui arracher un gloussement et cela était devenu une véritable malédiction pour la jeune femme.
    Furieuse de se faire une nouvelle fois harceler, elle l’insulta avant de lui intimer l’ordre de la laisser tranquille. Peu enclin à obéir a la demoiselle, Cheshire s’appliqua à l’offusquer encore plus, amusé par ses réactions. Sa bouche intangible glissa jusqu’au petit ventre de sa proie et son souffle libéra un mince filet de fumée qui se logea dans le creux de son nombril. L’humaine se tendit, oubliant ses crampes, puis se confondit en excuse. Car le démon l’attaquait à son point sensible et tous les deux savaient ce qui allait se passer ensuite. Aussi détestable qu’étaient les chatouilles, elles n’en demeuraient pas moins stimulantes pour le corps et sur certaines zones érogènes, l’effet pouvait prendre des proportions plutôt extrême. Se mordant sauvagement la lèvre inférieur, Alice tenta un très bref instant de supporter la sensation qu’on lui infligeait. Des petits rires remontaient du fond de sa gorge tandis que des frissons parcoururent son ventre. Des frissons de plaisir décuplés par la frustration de son immobilité et de sa vulnérabilité aux caresses. Bientôt elle perdit le contrôle et poussa une série de gémissements, entrecoupés de crises d’hilarité. Si les chatouilles avaient été une torture simple et énervante, cela devenait quelque chose de plus ambiguë désormais. Sa peau la brûlait et elle ressentait un désir physique de plus en plus grandissant à chacune des touches fantomatiques sur elle.
    Alice tenta de refouler ce sentiment, bien aidée par le contact insupportable de l’encens, mais Cheshire poursuivit son travail. Elle sentie une incroyable vague de plaisir naître depuis son petit nombril pour déferler en elle. Elle tressailli, prise de picotements dans le bas ventre, puis se sentie submergée. Elle explosa quand la sensation se transforma en jouissance incontrôlée, toujours prisonnière du sadisme de la torture par les chatouilles. La jeune femme poussa un long gémissement mêlé a un rire hystérique. Toutes pensées cohérentes quitta son esprit tandis qu’elle fut sous l’emprise de l’orgasme et du démon. Son corps s’arqua durement avant de se détendre, épuisé.

    L’adolescente respirait bruyamment, le cœur douloureux. Sa tête était comme prise dans un étau tandis qu’elle dégrisait progressivement. Que son corps lui faisait mal… Elle avait l’impression d’avoir été écartelée…
    Après quelques secondes pour pleinement revenir a elle, l’étudiante jeta un regard noir à son démon. Rouge de honte, même si ce n’était pas la première fois qu’elle se lâchait ainsi une fois chatouillée, elle lui en voulait d’avoir profité d’elle jusqu’à ce point et détestait se sentir si impuissante lorsque cela arrivait. Elle avait beau haïr d’être chatouillée, il pouvait très simplement l’en faire jouir. Elle n’était qu’un jouet entre ses mains et ce salopard en était fier !
    Cheshire, en effet, la fixait de ses yeux brumeux et de son sourire, satisfait. Aucun d’entre eux ne parla. En sueur et considérablement fatiguée, Alice ne trouva même pas le courage de l’insulter. Elle se sentait si faible…

    Peinant à reprendre une respiration normal, elle s’accorda quelques secondes et ferma les yeux. Se détendre n’était plus un problème: elle pouvait bien s’endormir sur l’instant désormais !
    Un spasme musculaire au ventre la fit grimacer. Des doigts semblaient passer doucement sur ses côtes, zigzagant avant de tracer une série d’arabesques compliquées sous ses bras. Alice protesta, sursauta et lâcha un petit cri. Pas encore ?!
    Le sourire du démon s’agrandit, ses yeux disparurent. Un vague courant d’air fit virevolter quelques volutes de fumée plus loin, au-delà du lit. Les suivant du regard, Alice croisa la lueur de l’incandescente braise qui consumait la plume d’encens et, en un éclaire, elle compris. Cette torture, son supplice, durerait aussi longtemps que subsisterait la plume: elle avait elle-même invoquée Cheshire et devait en subir les conséquences. Son regard se glaça d’effroi alors qu’elle réalisa que l’objet n’était entamé qu’à son premier tiers…
    Affolée, elle senti naître un nouveau rire au fond de sa gorge, au moment même où son tortionnaire s’occupa de ses petits pieds nus. La jeune femme céda, hystérique. Durant les longues minutes qui suivirent, sa conscience s’évapora progressivement…

    A son réveil, Alice poussa un grognement de douleur et se redressa avec peine. Elle était en nage et ses muscles la faisait souffrir. Encore hagard, elle demeura un moment immobile a fixer le petit tas de cendre qui se trouvait près d’elle. Dans celui-ci avait été tracé un symbole à son intention. Un petit cœur. Alice pesta et frappa dans l’amas poussiéreux qui s’éparpilla en un nuage moqueur. Ce petit démon la provoquait une fois de plus ! Furieuse et honteuse, l’adolescente récupéra bien vite son débardeur qu’elle plaqua contre son corps. Un geste inutile qui ne la fit que se sentir encore plus ridicule.
    Enfilant le vêtement, elle grimaça et conclue qu’un bon bain chaud serait la le bienvenu pour chasser ses courbatures et sa sueur. Mais la simple idée de se déshabiller raviva en elle le souvenir des chatouilles sur sa peau nue et elle frissonna.
    Méfiante, elle regarda craintivement tout autour d’elle, s’attendant à tout instant à voir réapparaître ce sourire détestable. Tout ce qu’elle aperçue fut sa chambre, vide et, étonnement, parfaitement rangée. Les cartons avaient disparus et chaque objets avaient trouvés une place adéquate dans l’appartement. Surprise, elle explora les lieux et découvrit qu’elle n’avait plus à se donner la peine de déballer et ranger ses affaires ! Tout était exactement comme elle l’avait voulu. De la magie ?
    Prise d’un doute, l’étudiante s’approcha de la belle boîte à plumes qui lui avait été offerte. Un présent qui, à son avis, avait plus été pour Cheshire que pour elle ! Mais… Toute chose à un prix. Un bien pour un rendu. Au moins, le démon savait respecter ce code… Alice récupéra la boîte qu’elle rangea bien à l’abri dans un recoin de sa chambre. Elle l’avait scellé avec une épaisse cordelette de tissu rouge, pour que jamais une telle chose ne se reproduise. Cheshire ne la posséderait plus de cette façon, elle se le promis.

    Quelques minutes plus tard, la jeune femme se détendait dans l’eau chaude. Seule avec sa rancœur, elle passa en revu des centaines de moyens de faire payer au démon l’affront dont il l’avait rendu victime. Des pensées plaisantes qui, elle ne s’en rendit pas compte, avaient chassées ses angoisses et sa solitude.
    Et dans un coin traînait un petit bout de papier qu’Alice avait oublié. « Je suis avec toi », disait-il.

« Ne pleure pas. Ris. »


FIN

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